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23 septembre 2011
Encore une nuit sans sommeil, hantée par mes peurs et mes démons. Encore une nuit avec cette envie de crises insupportable. Elles sont tellement fréquentes ces nuits, que j’en viens à redouter le moment du coucher, qui était avant ma seule délivrance. Je n’ai même plus cette soupape de décompression. Je perds pied. Mon reflet dans le miroir me renvoie l’image d’une fille inquiète, les yeux cernés, le visage creusé, une souffrance incommensurable marquée de façon subtile. L’image d’une fille qui a grandi trop vite. L’image d’une fille qui ne vit pas. Après tout c’est bien à ça que mon existence correspond. Une vie monotone, routinière, plate, sans goût, sans joie, sans rire. Une vie solitaire, une vie planifiée. Et sortir de ce cadre m’effraie, ce sur contrôle me rassure, autant qu’il m’emprisonne. J’en deviens même incapable d’aller à une soirée qui risquerait de modifier mon petit programme réglé comme une horloge. J’en deviens même incapable de vivre.
Mon pseudo équilibre de crises le samedi est illusoire, la lutte se fait de plus en plus dure, et je passe à côté de mes week end. La semaine l’anorexie prend le relais. Le poids chute doucement. Moi qui attend depuis 3 longues années ce moment, moi qui pendant trois longues années me suis tellement battue pour perdre ce poids qui m’insupporte. Je ne me suis pas vu maigrir. Pourtant c’est indéniable, je le vois sur mes vêtements. Et la peur me sert à nouveau le ventre, je suis incapable de manger suffisamment, et surtout naturellement, de manger en société, de manger en soirée. C’est comme si j’étais en permanence au régime, mais je ne peux pas faire autrement, ça me dépasse. Une force bien plus puissance que la mienne prend le contrôle. Je n’ai plus aucune sensation de faim ou de satiété. Les aliments crises m’effraient. J’ai peur que le poids ne s’arrête pas de baisser, j’ai peur de réenclencher l’enfer de l’anorexie et de la prise de poids. J’ai peur de grossir à nouveau. Je suis terrifiée, par absolument tout. Je suis une boule de nerfs incontrôlable. Mais pourquoi ne peut-on pas simplement garder un poids stable même en ne mangeant rien ? Ca serait tellement plus simple. Honnêtement si l’anorexie me happe à nouveau dans son cercle vicieux, cette fois, je me laisse mourir à petit feu. Je n’ai plus le courage de me battre encore.