Il était une fois

  Il était une fois un petit papillon blanc, si fragile et cristallin. Sorti malgré lui de son cocon. Plongé dans un monde bien trop rude pour lui. Chaque jour, chaque heure, chaque minute, chaque seconde se révèle être un véritable combat, un parcours du combattant, sans arme. Alors pour fuir tout ce mal papillon blanc étouffe sa souffrance sous d'énormes monceaux de nourriture, encore et toujours, à ne plus en pouvoir. Puis il ouvre la bouche et en sors un dégueuli de non-dits. Alors il finit par vivre sa vie, penché en permanence, au dessus d'une cuvette de toilette, blanche, beige, jaune, bleu...il les connaît par coeur, et il y en a de toutes les couleurs. Parfois il s'imagine qu'elles forments un arc en ciel...tout vaut mieux que de se retrouver face à sa souffrance...avaler, dévorer, puis deux doigts au fond de la gorge et c'est bon, si simple! Sauf que ça devient envahissant, au point que papillon blanc ne vit plus, chaque jour se passe et se ressemble, un seul mot pour résumer ces journées BOUFFE. Il ne vit que pour ça.

"Pas d'hystérie, pas de larme, la plaie est si profonde qu'elle ne saigne plus. Mal au ventre, mal partout et l'interdiction d'y mettre fin. Si fragile, si cristalline qui vibre et hurle de la tête aux pieds. Emmurée vivante, torturée pour l'éternité, meurtrie jusque dans ses failles les plus intimes, la violence qui vous pilonne pour sortir comme un amant sadique qui abuse de vous sans fin. Pudique et docile, Papillon blanc encaisse, accepte, sans larmes, sans bruits, pour ne pas déranger, et le papillon reprend son vol, secoué de soubresauts à peine perceptibles, à peine visible pour l'entourage rassuré. Chaque battement d'ailes est pourtant intolérable. Petit animal courageux, il fonce tête baissée dans la douleur qui l'engloutit."